Si les généalogistes sont curieux de connaitre les conditions de vie de
leurs ancêtres ils souhaitent également et tout naturellement connaitre les
circonstances de leur mort. Malheureusement les documents susceptibles de nous
renseigner à ce sujet sont extrêmement rares…
Cahiers Paroissiaux
Avant la Révolution, les curés ne notaient généralement pas la cause de
la mort sur l’acte de sépulture : la vraie question était de savoir
si, avant l'issue fatale, le défunt avait reçu les sacrements de pénitence, d'eucharistie et d'extrême-onction… Peu importait comment il quittait ce monde, pourvu qu’il
puisse accéder au suivant !
Le curé jouissait cependant d’une certaine liberté dans la rédaction de ses actes et lorsque le décès était accidentel, notamment, il lui arrivait de le stipuler : peut être pour expliquer, justement, l'absence des derniers sacrements. On trouve ainsi des mentions de noyade, de mort dans les flammes d'un incendie, ou de toutes sortes de chutes :
Le curé jouissait cependant d’une certaine liberté dans la rédaction de ses actes et lorsque le décès était accidentel, notamment, il lui arrivait de le stipuler : peut être pour expliquer, justement, l'absence des derniers sacrements. On trouve ainsi des mentions de noyade, de mort dans les flammes d'un incendie, ou de toutes sortes de chutes :
- d'un arbre (mort somme toute assez fréquente chez les bucherons)
- d'une falaise ou dans une marnière (voir le blog Magenea) ;
- et même sur un couteau ! (voir le relevé des actes curieux de la Région de Tinchebray sur le site d'Emmanuel Hamel)
- d'une falaise ou dans une marnière (voir le blog Magenea) ;
- et même sur un couteau ! (voir le relevé des actes curieux de la Région de Tinchebray sur le site d'Emmanuel Hamel)
État Civil
En 1792, lorsque l'Etat civil vint remplacer les Cahiers Paroissiaux, le législateur prévut l'égalité de chaque citoyen lors de l'établissement de son acte de décès. Qu'il fut mort de vieillesse, de maladie ou tranché par la guillotine, qu'il fut catholique , protestant ou athé, qu'il finit ses jours chez lui, à l’hôpital ou en prison : rien ne devait apparaitre dans la rédaction de l'acte !
Article 85 du code civil. |
Heureusement pour les généalogistes, certains officiers d’état civil prirent parfois leurs distances avec cette loi, tel de Maire de Beauficel en Lyons (27) qui du 13 février 1853 au 24 avril 1855 indiqua systématiquement les causes des décès dans une note en dessous des actes :
12.02.1853 FLAHAUX Nicolas Patrice, 78 ans, sabotier,
« vieillesse » ;
17.06.1853 GOUFFIER Jérôme François, 42 ans, maréchal, « phtisie
pulmonaire » ;
27.06.1853 PICARD Nicolas Binjamin, 31 ans, briquetier,
« sarcocèle avec complication d’une tumeur cancéreuse ayant son siège dans
l’hypochondre droit » ;
26.09.1853 MARAIS Rose, 75 ans, sans profession,
« anasarque » ;
05.01.1854 HASARD Marie Catherine, 89 ans,
« sénilité » ;
17.05.1854 PRANGERE louis Aimable, 74 ans, propriétaire,
« maladies diverses et cancer en général » ;
06.09.1854 DEHAYER Rose Sophie, 63 ans, « cancer a
l’estomac » ;
18.09.1854 COSSIN Marie Ludivine, 6 mois,
« cholérine » ;
22.09.1854 FLAHAUT Romain Albert, 9 mois, « diarrhée » ;
27.09.1854 DELORME Aimée Hélène, 19 ans, « fièvre
typhoïde » ;
06.10.1854 DOUIN Hector Edmond, 1 mois, « faiblesse de
constitution » ;
19.10.1854 BORDIN Louise Palmyre, 6 ans, « fièvre
typhoïde » ;
28.11.1854 DELAMARE Marie Rose, 84 ans, « sénilité » ;
03.03.1855 LANGLOIS François Amand, 70 ans, propriétaire,
« catarrhe pulmonaire » ;
09.03.1855 BAILLET Marie Marguerite, 75 ans, « gangrène des
orteils du pied droit » ;
21.03.1855 WOSSON WALTER Marthe Claire, 3 mois,
« entérite » ;
07.04.1855 LONGUER Héloïse Stéphanie, 2 ans, « fièvre
scarlatine » ;
25.04.1855 BELZER Charles Paul, 3 mois, « faiblesse de
complexion »
A Foret la Folie (27), en 1870, deux actes de décès, ceux de Jean François CAMPIGNY et de François Désiré LAINE, indiquent qu'ils furent tués par les Allemands (sur cet épisode de la guerre franco-prussienne voir le blog "Au fil des mots et de l'histoire")
Dans un cadre légale, cette fois, les actes de décès peuvent également porter, depuis la Première Guerre Mondiale, une mention "Mort Pour la France". Dans ce cas des recherches dans les archives militaires en diront souvent beaucoup sur les circonstances du décès... (voir par exemple les recherches faites ici même sur Helier LEGOIX)
Dans un cadre légale, cette fois, les actes de décès peuvent également porter, depuis la Première Guerre Mondiale, une mention "Mort Pour la France". Dans ce cas des recherches dans les archives militaires en diront souvent beaucoup sur les circonstances du décès... (voir par exemple les recherches faites ici même sur Helier LEGOIX)
Attribuée, à l'origine, aux seuls militaires morts au combat, la mention "Mort pour la France" sera par la suite également décernée aux soldats morts des suites de maladies ou de blessures contractées au combat, puis aux civils tués lors des opérations (comme les bombardements liés au débarquement par exemple). Aujourd'hui encore cette mention est accordée aux militaires disparus dans les guerres auxquelles la France prend part comme en Cote d'Ivoire, au Mali ou en Libye.
A la mention "Mort pour la France" est venue s'ajouter la mention "Mort en déportation" en 1985 et les mentions "Mort pour le service de la Nation" et "Victime du terrorisme" en 2012.
Enfin l'adresse du décès, lorsqu'elle est différente de celle du domicile, peut donner des pistes sur les circonstances de la mort : s'agit t'il d'un hôpital, d'une maternité, d'un hospice ou d'une maison de retraite ?
A Paris il arrive que l'on lise dans l'acte de décès que "le corps a été transporté place Mazas" et que l'acte est été rédigé sur réquisition d'un employé de cette même "place Mazas". Il s'agit en fait de la morgue parisienne. Sont conduites ici les personnes décédées dans des lieux publics (notamment sur la voie publique) et celles décédées de morts violentes. Dans ce cas des recherches dans les registres de la morgue et les registres de mains courantes et de dépôts de plaintes des commissariats s'imposent ! Ces documents sont conservés aux Archives de la Préfecture de Police de Paris.
A Paris il arrive que l'on lise dans l'acte de décès que "le corps a été transporté place Mazas" et que l'acte est été rédigé sur réquisition d'un employé de cette même "place Mazas". Il s'agit en fait de la morgue parisienne. Sont conduites ici les personnes décédées dans des lieux publics (notamment sur la voie publique) et celles décédées de morts violentes. Dans ce cas des recherches dans les registres de la morgue et les registres de mains courantes et de dépôts de plaintes des commissariats s'imposent ! Ces documents sont conservés aux Archives de la Préfecture de Police de Paris.
Registres des hôpitaux
Registre matricule hospitalier : la colonne des pathologies |
Les lacunes sont cependant très importantes et les délais de communicabilité très longs : 120 ans après la date de naissance de l’intéressé ou 25 ans après la date de son décès.
Deux types de documents sont ici intéressants :
- les registres matricules, qui consignent l'état civil des patients, leur pathologie, ainsi que leurs dates d'entrée et de sortie ou de décès ;
- les dossiers médicaux qui indiquent, pour chaque patient, l'état de santé au jour le jour.
Presse ancienne
La presse ancienne, enfin, apportera toute les précisions nécessaires pourvu que la mort soit accidentelle ou criminelle. Elle s’intéressera également aux décès des personnalités locales.
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