samedi 8 décembre 2018

Photos de Famille

Au début du XXème siècle seuls les grands événements comme les mariages et les communions étaient prétextes à la prise de photos de famille. L'affaire n'était pas simple : il fallait faire venir le photographe avec son matériel et respecter le temps de pose....

Quelques décennies plus tard, la technologie évoluant, la photographie se démocratise et les clichés se multiplient. Prisent à chaque anniversaire, chaque Noel, les photos de groupe remplissent peu à peu les albums et apportent un témoignage unique de l'évolution des familles. On y vois apparaitre de nouvelles générations tandis que d'anciennes disparaissent peu à peu...

Une famille inconnue posant pour une carte photo. Très à la mode au début du XXè siècle la carte photo était une véritable photographie imprimée sur un papier a carte postale ! Lorsque la carte est restée vierge et qu'elle est isolée de tout autre document permettant de faire des recoupements, les personnes qui y figurent restent bien souvent anonymes...


Aujourd'hui avec la photo numérique, l'écran d'ordinateur ou celui du smart-phone a remplacé le vieil album à reliure de cuir dorée... Et l'on peut s'interroger sur la façon dont ces photos sans support traverseront le temps...

Certaines photos de famille, vieilles de plus d'un siècle, nous sont d'ailleurs parvenus d'une façon originale. En 1904, en effet, l'hebdomadaire "Le Pelerin" décida de publier épisodiquement quelques photos de famille. J'en ai relevé quelques unes :

- Famille Abdon (Le Pelerin du 20.03.1904 N°1420)
- Famille Auffray - Taillard de Saint Quay Portrieux (22) - (Le Pelerin du 24.07.1904 N°1438
- Famille B. B. de Wambrechies (59) - (Le Pelerin du 02.10.1904 N°1448)
- Famille Baret de Morbecque (59) - (Le Pelerin du 08.05.1904 N°1427)  
- Famille Béréziat de Saint Julien sur Reyssouze (01) - (Le Pelerin du 06.11.1904 N°1453)
- Famille Bernard à Prélenfrey (Le Gua, 38) - (Le Pelerin du 18.09.1904 N°1446)  
- Famille Bourdin de la Rivière (25) - (Le Pelerin du 12.06.1904 N°1432)
- Famille Breton à Bessé sur Braye (72) - (Le Pelerin du 08.05.1904 N°1427)  
- Famille Buscoz de Voissant (38) - (Le Pelerin du 24.07.1904 N°1438)  
- Famille Busin de Draguignan (83) - (Le Pelerin du 05.06.1904 N°1431)  
- Famille Calvet à Paulbet (12) - (Le Pelerin du 08.05.1904 N°1427
- Famille Chatelain de Fournet-Blancheroche (25) - (Le Pelerin du 02.10.1904 N°1448)
- Famille Coisne-Nottebaert à Santes (59) - (Le Pelerin du 18.09.1904 N°1446) 
- Famille Courberand de Buffignécourt (74) - (Le Pelerin du 18.09.1904 N°1446) 
- Famille Debackre-Desancy à Ploegsteert (Belgique) - (Le Pelerin du 13.03.1904 N°1419
- Famille Delporte de Comines (Belgique) - (Le Pelerin du 24.07.1904 N°1438)  
- Famille Devilliers de Saint Martin les Langres (52) - (Le Pelerin du 20.03.1904 N°1420)  
- Famille Eugène Durand à Voissant (38) - (Le Pelerin du 13.03.1904 N°1419)
- Famille Fabre de Payrin (81) - (Le Pelerin du 07.08.1904 N°1440)
- Famille Farges de Montenescourt (62) - (Le Pelerin du 12.06.1904 N°1432)
- Famille Goguet à Voissant (38) - (Le Pelerin du 13.03.1904 N°1419)
- Famille Grandin de Monceau sur Oise (02) - (Le Pelerin du 05.06.1904 N°1431 
- Famille Hespel de Hem (59) - (Le Pelerin du 24.07.1904 N°1438)  
- Famille Jégu à Fougères (35) - (Le Pelerin du 05.06.1904 N°1431 
- Famille Jung, de Maize (54) - (Le Pelerin du 07.08.1904 N°1440) 
- Famille Jusselme à M (42) - (Le Pelerin du 07.08.1904 N°1440) 
- Famille Le Bescond de Ploezal (22) - (Le Pelerin du 20.03.1904 N°1420)
- Famille Maurin à Villevocance (07) - (Le Pelerin du 13.03.1904 N°1419) 
- Famille Mérienne à Montaulin (53) - (Le Pelerin du 08.05.1904 N°1427
- Famille Merville de Montenescourt (62) - (Le Pelerin du 12.06.1904 N°1432
- Famille Moy de Gremonville (76) - (Le Pelerin du 07.08.1904 N°1440) 
- Famille Noyelle de Roubaix (59) - (Le Pelerin du 02.10.1904 N°1448) 
- Famille Pennel à Hem lez Lannoy (59) - (Le Pelerin du 08.05.1904 N°1427
- Famille Renaud de Cernay (25) - (Le Pelerin du 02.10.1904 N°1448)
- Famille Roy de Combrand (79) - (Le Pelerin du 18.09.1904 N°1446
- Famille Viart de Montenescourt (62) - (Le Pelerin du 12.06.1904 N°1432) 

- Une famille de la Motte aux Bois, près d'Hazebrouck (59) - (Le Pelerin du 07.08.1904 N°1440)
- Une famille de Ploermel (56) - (Le Pelerin du 18.09.1904 N°1446
- Une famille Basque de Saint Jean de Luz (64) - (Le Pelerin du 20.03.1904 N°1420
- Une famille de l'Aisne (02) - (Le Pelerin du 05.06.1904 N°1431
- Une famille de Papeete (Tahiti) - (Le Pelerin du 05.06.1904 N°1431
- Une famille de Pons (17) - (Le Pelerin du 05.06.1904 N°1431)

La famille Baret de Morbecque dans le Nord, photographie parue dans le journal "Le Pelerin" en 1904



samedi 17 novembre 2018

Centieme Anniversaire de l'Armistice

Cent ans après la fin de la Première Guerre, les commémorations ont été nombreuses, a travers tous le pays, pour rendre hommage aux valeureux poilus morts pour la Patrie.

L'hebdomadaire du Pays de Bray, l’Éclaireur - la Dépêche, m'a permis de faire connaitre l'histoire d'Hélier LEGOIX, mort le 11 novembre 1918 dans l'explosion d'un canon qui annonçait la fin de la guerre (je vous avez déjà parlé de ce soldat lors d'un précédent article).

L’Éclaireur - La Dépêche : Ferrières en Bray, Hélier LEGOIX tué le 11 novembre 1918 par le canon de l'Armistice à Belle Ile en Mer


Autre journal local, Paris Normandie, nous fait découvrir les tombes oubliées de 3 soldats Belges (Julien Antoine VERBANCK, Ludovicus Franciscus MERTENS et Guillaume Arnold SCHIEPERS) mort à Saint Hellier en 1918.


Coté télévision, France 3 Normandie, propose une série de quatre reportages intitulés :
- "Granville, une ville de garnison pendant la première guerre mondiale" ;
- "Les Chinois, oubliés de la Grande Guerre" (72 d'entre eux sont enterrés à Arques la Bataille près de Dieppe) ;
- "Les hôpitaux nord américains du Tréport" ;
- "Les Britanniques au Mont Canisy"






Les Archives Départementales commémorent elles aussi le centième anniversaire de l'Armistice.

Sur le site des AD du Calvados, on trouve ainsi, outre la présentation de l'exposition itinérante "Le Calvados dans la Grande Guerre", l'évocation de la carrière militaire d’Alexandre Descours Desacres, né à Ouilly-le-Vicomte en 1852 et démobilisé en 1919 à l'age de 67 !


Les AD de l'Eure présentent elles aussi une exposition intitulée "La Der des Der".

Expo toujours, aux AD de la Manche, qui la consacre cette fois à la Guerre Navale : "Entre 1914 et 1918, le département de la Manche est placé en première ligne de la guerre navale et mondiale. Ses 355 kilomètres de côtes subissent les effets de la lutte sous-marine et de l’espionnage. Dans ses ports débarquent de nombreux contingents de militaires ou de travailleurs étrangers, des Britanniques, des Belges, des Américains mais aussi des Portugais, des Russes ou des Chinois."


 


« L’Orne et les Ornais dans la Grande Guerre » sont mis à l'honneur aux AD d'Alençon où l'on découvre notamment la mise en place d’hôpitaux dédiés aux blessés, le camp des «Indésirables»  à la Ferté Macé et l’arrivée des bûcherons canadiens... 

Pour finir les AD de Seine Maritime présentent elles aussi une exposition : "Itinéraires de Poilus". Mais elles ont surtout eu la bonne idée de mettre en ligne une première partie des archives recueillies auprès des particuliers lors de la "Grande Collecte" ! Ces archives se composent de cartes postales et de lettres (envoyées du front ou de captivité), de photographies, de journaux de guerre et carnets intimes… On y trouve même un casque !

Cette première série concerne une centaine de soldats :

ACHER René
AUCOPT Louis
AUNIS Albert
AUTIN Charles
BACHELET Lucien
BARRAY Lucien
BARRAY Marcel
BAUDRY Auguste
BAYSSAT Louis
BAZIRE Eugène
BEAUDOUET René
BELPAUME Jules
CALTOT René
CAUVIN Amand
CHAPELON Jean-Claude
CHATEL Raymond
COCAGNE Gaston
COLLET Alphonse
CORROYER Alfred
COUPRY Paul
CRESCENT Arthur
DAUZOU Marcel
DEBREE Constant
DEHAIES Eugène
DEHAIS Gaston
DELABARRE Charles
DELAHAYE Alfred
DELAIS Joseph
DELANOS Louis Emile
DELAPORTE Ernest
DELAPORTE René
DEMEILLIERS Charles
DENEUVE Alfred
DRON Irénée
DUCASTEL Eugène
EON Louis
FLAVIER Auguste
FONTAINE René
GAUDIN Maurice
GOYER Arthur
HATINGUAIS Lucien
HAVEL Marcel
HEBERT Maxime
JAMELIN Jules
LAQUIEVRE André
LAQUIEVRE Augustin
LAQUIEVRE Victor
LAVENU René
LE MAITRE René
LEBOURG Désiré
LECOQ Raoul
LECOQ René
LEFORT André
LEGALL Jean-Louis
LEMAIRE Robert
LEMONNIER François
LEMONNIER Pierre
LENORMAND Raymond
LEPELLEUX Fernand
LEROY Adrien
LEROY Fernand
LEROY Joseph
LETRESOR Auguste
MARCILLE André
MAZURIER Georges
MOULIN Eugène
MULOT Maurice
NOCQ Charles
ONO DIT BIOT Aldéric
PAPLOU Maurice
PATIN Pierre
PAYEL Léonce
PAYEL Maxime
PIEDNOEL Léopold
PINCHON Alphonse
POINSIGNON Eugène
POTEL Léon
QUEVAL Eugène
QUEVAL Virgile
RATEL Georges
RECHER Pierre
RENEAU Urbain
RINGARD Arthur
ROUVILLOIS Benjamin
SAUSSEY Emile
SIMONIN Joseph Ernest
SOURDON Jean
THOMAS Emile
THOREL Maurice
TROUVE Georges
VALET Hyacinthe
VENARD Antoine
VESSIERE Marcel
VIGREUX Robert
VIMBERT Marcel
VINCENT Raymond
VINCENT Alfred
VOISIN Louis

samedi 7 avril 2018

Archives a vendre !

C'est une évidence : pas de généalogie sans archives ! Aussi les généalogistes sont ils souvent attristés et alarmés en découvrant des pages entières de manuscrits anciens sur des sites de petites annonces ou de ventes aux enchères...

Très bref aperçu des nombreux manuscrits, souvent actes notariés, en vente sur un site d’enchères bien connu des internautes...

Il faut cependant relativiser. La plupart des documents proposés sur ces sites sont des copies d'actes notariés (des grosses) dont les originaux (les minutes) sont, en théorie du moins, à l’abri et à la disposition de tous aux Archives Départementales.

Les documents originaux et les plus intéressants, quant à eux, n’échappent généralement pas à la vigilance de ces mêmes Archives Départementales ou Municipales, toujours soucieuses de collecter de nouvelles pièces. Rien n’empêche cependant de leur signaler ces ventes !

Sur le même site d’enchères en ligne : un répertoire de notaire pour l'année 1823. Une fois prévenues, les Archives Départementales m'ont confirmé avoir un exemplaire de ce document dans leurs collections.


Les salles de ventes aux enchères des commissaires priseurs voient elles aussi passer un certain nombre d'archives... Là aussi beaucoup de « grosses » notariées, mais parfois des documents beaucoup plus intéressants ! Dans ces ventes les Archives ont la possibilité de préempter : elles se substituent alors à l’acquéreur une fois le marteau retombé !

C'est d'ailleurs chez le commissaire priseur d’Alençon que seront vendus le 5 mai prochain des manuscrits médiévaux du Mont Saint Michel. Reliés dans un même volume qui disparut des collections du scriptorium de l'abbaye probablement à l'époque révolutionnaire, ces quatre manuscrits se composent :
- d'un traité de géographie, sur deux feuillets évoquant de manière succincte les provinces occupées par Rome ;
- d'un traité de musique du XIIème siècle avec l’ancienne codification musicale, avant que ne soient utilisées les notes, les sept sons étant indiqués par des lettres ;
- de L’Architrenius : un poème composée vers 1184 composé par Jean De Hanville (poème satirico-didactique à prétention moralisante rédigé en latin, Architrenius signifiant « grand lamentateur » ;
- de l'Anticlaudianus : traité sur la morale présenté sous forme d'allégorie et composé par Alain de Lille vers 1182.

Manuscrits médiévaux du Mont Saint Michel prochainement en vente.

Estimé entre 50 000 et 80 000 Euros, ce trésor d'archives fait l'objet d'une demande de restitution par l’État qui estime en être le légitime propriétaire...

Pour en savoir plus sur cette vente : voir l'article publié sur le site interencheres.

Affaire à suivre !

vendredi 16 mars 2018

Parrainages Impériaux

Pour leurs enfants nos ancêtres choisissaient souvent les parrains et marraines dans la famille proche selon une certaine logique : les grands-parents pour les ainés, puis les oncles et tantes pour les cadets et, enfin, les frères et sœurs pour les benjamins.

Pour peu que les parents soient attachés à leur service, il n'est pas rare que des enfants, nés dans des familles modestes, aient pour parrain ou marraine des personnes de qualité : seigneurs, notables, prêtres... Ces parrainages sont recherchés et sont sources de fierté pour les familles car l’enfant recevait, au moment de son baptême, parrain et marraine comme autant de bienfaiteurs : on espère pour l'enfant une protection sociale ou professionnelle ou simplement des avantages matériels (on n'oublie jamais de mentionner son filleul sur son testament...)

Certains enfants reçoivent même un parrainage impérial ! Sur le seul département de la Seine Maritime on en compte 83...

Le 18 mars  1856, l’Empereur Napoléon III décide qu’il serait Parrain, et l’Impératrice Marraine de tous les enfants nés en France le 16 mars, soit le même jour que leur enfant, le Prince Impérial, Napoléon Eugène Louis Jean Joseph Bonaparte.

Après une longue nuit d’attente, le prince impérial voit le jour. Les parisiens, assemblés devant les Tuileries, comptent les coups de canon et au 22ème laissent exploser leur joie : "c'est un garçon !!". Le télégraphe transmet aussitôt la nouvelle partout en province où elle suscite une grande ferveur. Fixé au 14 juin 1856, le baptême de l’héritier du trône, dont le parrain n’était autre que Pie IX, fut célébré en grande pompe à Notre-Dame de Paris. Une fastueuse cérémonie qui fit dire à Napoléon III : « Ce baptême vaut bien un sacre » !

Le dimanche 15 juin 1856, lendemain du baptême du prince impérial, les festivités s'étendent à la province. A Rouen, des salves d'artillerie sont tirées, les édifices publics, les bateaux présent au port et même les maisons particulières sont pavoisés du drapeau tricolore. Les Rouennais peuvent assister à la revue des troupes et de la garde nationale sur le Grand Cours ou profiter gratuitement des représentations données au Théâtre Français et au Cirque. A la nuit tombée, un feu d'artifice est tiré sur le Champ de Mars et les édifices publics sont illuminés. Quant aux malheureux que la ville compte, ils bénéficient d'une distribution de secours.

Les familles qui souhaitent réclamer l’illustre parrainage, ont un mois pour adresser leur demande  accompagnée d'un extrait d’acte de naissance. Seule condition : que l'enfant soit issu d'un mariage légitime ! 

La demande acceptée, chaque filleul impérial reçoit, par l'intermédiaire du Maire, un Brevet signé par le Ministre d'Etat. Son acte de naissance est modifié : on lui ajoute le prénom de l'une de ses altesses impériales : Napoléon, Eugène ou Eugénie, Louis ou Louise...

L’Empereur souhaite que chaque année, un crédit soit distribué en secours des parents les plus nécessiteux. Pour se faire, au mois de janvier de chaque année, les maires des communes où vivent les filleuls impériaux, font remonter au Préfet, un état nominatif précisant la situation des familles : difficultés financières, maladie ou décès d'un parent... sans oublier bien sur de mentionner leur bonne conduite et leur bonne moralité, ou non !

Lors de leurs déplacements l'Empereur et l'Impératrice sont parfois présentés à leurs filleuls. En Bretagne, à Miniac, "leurs Majestés se voient présenter un jeune enfant, et on leur dit qu'il est né le même jour et à la même heure que le Prince Impérial. L'Empereur prend son filleul dans ses bras et l'embrasse avec bonté, au milieu des cris d’enthousiasme indicibles de la foule électrisée." (1)

Même après la chute de l'Empire en 1870, le décès de l’Empereur en 1873 et celui du Prince Impérial en 1879, l'Impératrice Eugénie, exilée en Grande Bretagne, reste attentive au destin de ses filleuls. Jusqu'à sa mort en 1920, elle compulse de temps à autre les fiches classées par ordre alphabétique de chacun d'entre eux, qui parfois continuent à lui faire parvenir des demandes d'aide.



Au Mesnil Esnard, Constant Romain RAULT, ouvrier en imprimerie d'indiennes, fait une demande de parrainage impérial pour son fils Arthur Alphonse, né le 16 mars 1856.


Arthur Alphonse RAULT, filleul impérial, voit son nom modifié en Napoléon Arthur Alphonse RAULT en hommage à son illustre parrain.


En mai 1856, le maire du Mesnil Esnard transmet son enquête sur la famille RAULT : "le nommé RAULT est un honnête ouvrier de fabrique dont le salaire s'élève à environ 2 francs par jour. Sa femme est couturière à la journée à raison de 1,25 francs. Ils ont deux enfants, un premier et l'autre né le 16 mars 1856. Les antécédents des époux sont en leurs faveurs. L'enfant n'est pas encore baptisé".

Dans son courrier du 8 novembre 1856, le maire informe le Préfet qu'il a remit le brevet le 3 novembre 1856 aux parents du jeune protégé.

A partir de 1857, c'est le maire de Belbeuf, où la famille réside dorénavant qui informe le Préfet de la situation de la famille. 

Note de renseignement fournie au Préfet en 1859 par le Maire de Belbeuf au sujet de la famille RAULT.

En 1861, il note "Comme le père de cet enfant ne possède ni bien, ni revenu, qu'il n'est qu'un simple journalier et qu'il n'a que le fruit de son travail pour subvenir aux besoins de sa famille, j’espère, Monsieur le Préfet, que vous voudrez bien l'admettre cette année dans vos propositions de secours." La famille RAULT reçoit alors une aide de 100 francs (soit l’équivalent d'un mois et demi de son revenu habituel).

Après un nouveau déménagement c'est le Maire de Blosseville Bonsecours qui en 1868 renseigne le Préfet. 

Napoléon Arthur Alphonse RAULT, décède le 30 novembre 1886, à l'age de 30 ans. Il est alors  célibataire et exerce la profession de plâtrier. 


Au Havre, des jumeaux obtiennent l'auguste parrainage.

Dans sa lettre au Préfet, du 27 mai 1856, le Maire donne des renseignements sur la moralité, les antécédents, les ressources, les charges de famille et le degré d'intérêt de plusieurs familles havraises qui prétendent au parrainage impérial : "Le sieur BUNEL est de bonne vie et mœurs, il est ouvrier tonnelier et n'a pour toute ressource que le salaire de sa journée, il a quatre enfants à sa charge, deux sont nés le 16 mars dernier, un garçon et une fille."

Le nom de Victor Aimé Napoléon BUNEL, dont le 3ème prénom rendait déjà hommage à l'Empereur, devient tout de même Eugène Louis Victor Aimé Napoléon BUNEL. Quant à sa sœur Irma Hélène Berthe BUNEL on la prénomme désormais Eugénie Louise Irma Hélène Berthe.

En 1858, le Maire informe le Préfet du décès d'Eugène Louis Victor Aimée Napoléon  BUNEL, le 3 août précédent. Il indique également que la famille se trouve dans une situation précaire et qu'une nouvelle naissance se prépare.
 
Par une lettre, du 14 mars 1859, le Ministère de l’Empereur informe le Préfet de la liste des crédits accordés, la famille BUNET reçoit la somme de 100 Francs.
 
En janvier 1863, le Préfet apprend qu'Eugénie Louise Irma Hélène Berthe BUNEL est décédée le 7 juillet 1862. Tout comme son père le 14 septembre. Un secours est demandé pour sa veuve restée, dans la misère, avec sa mère et ses deux autres enfants.





Peut être avez vous, vous aussi, un ancêtre placé sous le parrainage impérial !



 1. Albert Mansfeld, Napoléon III, 1863


jeudi 1 février 2018

Les causes de décès

Si les généalogistes sont curieux de connaitre les conditions de vie de leurs ancêtres ils souhaitent également et tout naturellement connaitre les circonstances de leur mort. Malheureusement les documents susceptibles de nous renseigner à ce sujet sont extrêmement rares…

Cahiers Paroissiaux

Avant la Révolution, les curés ne notaient généralement pas la cause de la mort sur l’acte de sépulture : la vraie question était de savoir si, avant l'issue fatale, le défunt avait reçu les sacrements de pénitence, d'eucharistie et d'extrême-onction… Peu importait comment il quittait ce monde, pourvu qu’il puisse accéder au suivant !

Le curé jouissait cependant d’une certaine liberté dans la rédaction de ses actes et lorsque le décès était accidentel, notamment, il lui arrivait de le stipuler : peut être pour expliquer, justement, l'absence des derniers sacrements. On trouve ainsi des mentions de noyade, de mort dans les flammes d'un incendie, ou de toutes sortes de chutes : 
- d'un arbre (mort somme toute assez fréquente chez les bucherons)
- d'une falaise ou dans une marnière (voir le blog Magenea) ;
- et même sur un couteau ! (voir le relevé des actes curieux de la Région de Tinchebray sur le site d'Emmanuel Hamel)


Acte de Sépulture de Guillaume COSTE le 27 mai 1771 à Barneville Sur Seine (27) : "de la paroisse de la Bouille qui est tombé à l'eau de dessus le navire de son père le seize de mars dernier, étant agé d'environ sept ans"


Acte de Sépulture de "Jean Baptiste DANOIS agé de quatre ans et de Louis Emmanuel agé de deux ans tout deux enfants de Nicolas Adrien DANOIS domestique de cette paroisse et de Marie Anne HERPIN sa femme, péris de cette nuit dans les flammes" à Saussay la Vache (aujourd'hui Saussay la Campagne-27)
 
 
État Civil

En 1792, lorsque l'Etat civil vint remplacer les Cahiers Paroissiaux, le législateur prévut l'égalité de chaque citoyen lors de l'établissement de son acte de décès. Qu'il fut mort de vieillesse, de maladie ou tranché par la guillotine, qu'il fut catholique , protestant ou athé, qu'il finit ses jours chez lui, à l’hôpital ou en prison : rien ne devait apparaitre dans la rédaction de l'acte !


Article 85 du code civil.

Heureusement pour les généalogistes, certains officiers d’état civil prirent parfois leurs distances avec cette loi, tel de Maire de Beauficel en Lyons (27) qui du 13 février 1853 au 24 avril 1855 indiqua systématiquement les causes des décès dans une note en dessous des actes :

12.02.1853 FLAHAUX Nicolas Patrice, 78 ans, sabotier, « vieillesse » ;
17.06.1853 GOUFFIER Jérôme François, 42 ans, maréchal, « phtisie pulmonaire » ;
27.06.1853 PICARD Nicolas Binjamin, 31 ans, briquetier, « sarcocèle avec complication d’une tumeur cancéreuse ayant son siège dans l’hypochondre droit » ;
26.09.1853 MARAIS Rose, 75 ans, sans profession, « anasarque » ;
05.01.1854 HASARD Marie Catherine, 89 ans, « sénilité » ;
17.05.1854 PRANGERE louis Aimable, 74 ans, propriétaire, « maladies diverses et cancer en général » ;
06.09.1854 DEHAYER Rose Sophie, 63 ans, « cancer a l’estomac » ;
18.09.1854 COSSIN Marie Ludivine, 6 mois, « cholérine » ;
22.09.1854 FLAHAUT Romain Albert, 9 mois, « diarrhée » ;
27.09.1854 DELORME Aimée Hélène, 19 ans, « fièvre typhoïde » ;
06.10.1854 DOUIN Hector Edmond, 1 mois, « faiblesse de constitution » ;
19.10.1854 BORDIN Louise Palmyre, 6 ans, « fièvre typhoïde » ;
28.11.1854 DELAMARE Marie Rose, 84 ans, « sénilité » ;
03.03.1855 LANGLOIS François Amand, 70 ans, propriétaire, « catarrhe pulmonaire » ;
09.03.1855 BAILLET Marie Marguerite, 75 ans, « gangrène des orteils du pied droit » ;
21.03.1855 WOSSON WALTER Marthe Claire, 3 mois, « entérite » ;
07.04.1855 LONGUER Héloïse Stéphanie, 2 ans, « fièvre scarlatine » ;
25.04.1855 BELZER Charles Paul, 3 mois, « faiblesse de complexion »

Les mentions du maire de Beauficel permettent également de savoir quels sont les médecins qui interviennent dans cette commune en 1853-1855 : docteur Folleville de la Feuillie (7 certificats de décès), docteur Toulza de Lyons la Foret (6), docteur Delahaye de Lyons la Foret (2) et docteur Faburel de Morgny (2).

A Foret la Folie (27), en 1870, deux actes de décès, ceux de Jean François CAMPIGNY et de François Désiré LAINE, indiquent qu'ils furent tués par les Allemands (sur cet épisode de la guerre franco-prussienne voir le blog "Au fil des mots et de l'histoire")


Actes de décès de Jean François CAMPIGNY mort de "5 coups de feu donnés par les prussiens (bavarrois)" et de François Désiré LAINE mort de "2 coups de feu et percé de coups de baïonnette" à Foret la Folie (27) le 7 novembre 1870.

Dans un cadre légale, cette fois, les actes de décès peuvent également porter, depuis la Première Guerre Mondiale, une mention "Mort Pour la France". Dans ce cas des recherches dans les archives militaires en diront souvent beaucoup sur les circonstances du décès... (voir par exemple les recherches faites ici même sur Helier LEGOIX)



Attribuée, à l'origine, aux seuls militaires morts au combat, la mention "Mort pour la France" sera par la suite également décernée aux soldats morts des suites de maladies ou de blessures contractées au combat, puis aux civils tués lors des opérations (comme les bombardements liés au débarquement par exemple). Aujourd'hui encore cette mention est accordée aux militaires disparus dans les guerres auxquelles la France prend part comme en Cote d'Ivoire, au Mali ou en Libye.

A la mention "Mort pour la France" est venue s'ajouter la mention "Mort en déportation" en 1985 et les mentions "Mort pour le service de la Nation" et "Victime du terrorisme" en 2012.


Enfin l'adresse du décès, lorsqu'elle est différente de celle du domicile, peut donner des pistes sur les circonstances de la mort : s'agit t'il d'un hôpital, d'une maternité, d'un hospice ou d'une maison de retraite ?

A Paris il arrive que l'on lise dans l'acte de décès que "le corps a été transporté place Mazas" et que l'acte est été rédigé sur réquisition d'un employé de cette même "place Mazas". Il s'agit en fait de la morgue parisienne. Sont conduites ici les personnes décédées dans des lieux publics (notamment sur la voie publique) et celles décédées de morts violentes. Dans ce cas des recherches dans les registres de la morgue et les registres de mains courantes et de dépôts de plaintes des commissariats s'imposent ! Ces documents sont conservés aux Archives de la Préfecture de Police de Paris.



Registres des hôpitaux

Registre matricule hospitalier : la colonne des pathologies
Les archives des hôpitaux sont pour les plus récents conservés dans les hôpitaux eux même et pour les plus anciens aux Archives Départementales.

Les lacunes sont cependant très importantes et les délais de communicabilité très longs : 120 ans après la date de naissance de l’intéressé ou 25 ans après la date de son décès.

Deux types de documents sont ici intéressants : 

- les registres matricules, qui consignent l'état civil des patients, leur pathologie, ainsi que leurs dates d'entrée et de sortie ou de décès ;

- les dossiers médicaux qui indiquent, pour chaque patient, l'état de santé au jour le jour.



Extrait du dossier médical d'une patiente de l’hôpital de Navarre à Evreux (27) : "décédée le 19 avril 1898 à 4h45 du soir d'une congestion pulmonaire, le corps s'est décomposé avec une grande rapidité en raison de l'infection généralisé produite par les eschares".


 
 
Presse ancienne

La presse ancienne, enfin, apportera toute les précisions nécessaires pourvu que la mort soit accidentelle ou criminelle. Elle s’intéressera également aux décès des personnalités locales.

L'édition du 2 février 1900 du Journal de Bayeux relate les circonstances de la mort  de Jean Baptiste de Beaumont à Honfleur.

Au Havre, la noyade de Pierre Legall, dans le Journal de Rouen du 7 février 1900.

Le décès d'un centenaire, Pierre Coltée, dans le journal Le Normand du 8 janvier 1900.