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dimanche 5 avril 2020

Noms des Enfants Trouvés

Chaque généalogiste se trouve tôt ou tard confronté au "problème" des enfants abandonnés. 

La consultation du dossier d'abandon est souvent riche en enseignements et j'avais consacré à cela un précédent billet : dossiers d'enfants assistés

Reste la question des noms donnés aux enfants trouvés... L’attribution de celui ci relève de l'autorité qui recueille l'enfant : autorités religieuses avant la révolution ou Assistance Publique depuis.

Sous l'Ancien Régime, l'attribution d'un prénom comme nom de famille semble avoir été chose courante : on pouvait choisir le prénom du saint du jour, ou utiliser celui de la personne qui avait découvert l'enfant (et qui souvent en devenait le parrain ou la marraine).

A l'entrée de l'Hôpital de Rouen, rue de Germont, 
le tour est toujours visible.
Après la Révolution le nom de famille est, dans la grande majorité des cas, inventé. Dans les grandes villes, qui comptaient plusieurs centaines d'enfants abandonnés chaque année, l’imagination du personnel de l'Assistance Publique était mise à rude épreuve pour trouver des noms différents pour chacun !

Ainsi à Rouen au XIXe siècle on attribuait aux dix premiers enfants de l'année un nom commençant par la lettre "A", un nom commençant "B" aux dix suivants et ainsi de suite. Pour le seul mois de janvier 1862, par exemple, on relève : "ACEZ, ACOUL, ACELIN, ACANTE, ACELET, ACERTE, ACIS, ACOURT, ACORT, BROU, BROUILLE, BROUTILLE, BROLLE, BROSSIN, BRONE, CURIS, CURIERE, CURSIVE, CURVIL, CURIAL, CUME, DOLIN, DOLETTE, DOLE, DOLONT, DOLOSE, DOLIGNY, DOLEVILLE, DOLY, EBAR, EBEL, EBIR, EBOR, EBIER, EBEVILLE, EBELET"

Dans d'autres villes cependant on bâtissait parfois le nouveau nom sur les circonstances de l'arrivée de l'enfant : lieu ou heure de la découverte, linge qu'il portait, numéro de matricule qui lui fut attribué...

Le résultat n'était pas toujours heureux et le Ministre de la Justice, Joseph Chaumié, s'en inquiéta, comme le montre cet article paru le 7 janvier 1906 dans le journal "Le Pèlerin"


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Abandonnés. — M. Chaumié, ministre de la Justice, vient de recommander a l’Assistance publique de veiller au nom des enfants trouvés qui ne doivent pas être ridicules ni attirer l’attention par leur fantaisie.

Certains enfants, pauvres abandonnés, ont eu des parrains détestables, surtout au temps des tours. — Une petite fille trouvée à l’heure de midi, ou on sonnait la cloche, fut appelée Marie Alacloche; une autre, dont les linges étaient marqués I. I. I., se nomma Marie Troizi; il y eut encore Armand Quatrem, linge marqué M. M. M. M.; Annette Péesse, linge marqué P. S.; Sophie Dixmille et Julien Dixmilun, inscrits l’un et l'autre sous les numéros 10 000 et 10 001.

Souvent l'employé trouvait dans le tour deux enfants à la fois. Pour noter cette circonstance, il donnait à chacun d’eux la moitié du même nom : le mot Tonnerre devint le nom de Marie Ton et de Marie Nerre ; Peccadille, celui de Marie Peca et de Joseph Dille ; n’est pas baptisé, celui de Jean Népaba et de Marie Tisé, etc. — Un enfant abandonné dans une guérite de fonctionnaire fut appelé Danguérite.

ll se produit encore aujourd’hui pour les noms d’enfants trouvés des choix regrettables. — M. Chaumié a été bien inspiré, car c’est bien le moins que ces pauvres petits n’aient pas, encore qu'on les trouve dans la rue, un nom à coucher dehors. 

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mercredi 1 mars 2017

Dossiers d'Enfants Assistés

Lors d'une récente recherche je me suis intéressé à Julienne DUBOIS, né le 4 avril 1877 de Celina DUBOIS, blanchisseuse à Rouen et de père inconnu. Lorsque Julienne se marie, 20 ans plus tard, sa mère n'est pas présente et son domicile est inconnu. On apprend par ailleurs que Julienne est placée sous tutelle du Juge de Paix de Rouen... Pas de père, mère absente, tutelle du Juge de Paix, autant d'indices qui m'incitent à rechercher Julienne dans les archives des Enfants Assistés. 

Une fois retrouvé, son dossier, assez épais, présente une multitude de documents et de renseignements ! Tout d'abord des documents sur les circonstance de son abandon (elle avait alors 6 jours). 

Viennent ensuite de très nombreux feuillets sur son enfance. Elle est a cette époque placée chez une nourrice "à la campagne". Elle y reçoit très régulièrement la visite d'un inspecteur de l'Assistance Publique qui rédige un rapport : est-elle en bonne santé, bien nourrie, propre et bien habillée, bien élevée ? va t elle à l'école ? a t elle un lit pour elle seule ?... Certains documents concerne sa vaccination, son certificat d'étude, sa première communion... On y trouve aussi plusieurs lettres de la nourrice qui se plaint de ne pas avoir reçu du percepteur la pension d'un trimestre échu (30 Frs) ! 


Passé l'âge de 12 ans une autre vie commence pour Julienne, elle est alors placée chez un "patron" conformément à un "contrat de louage" passé entre l'assistance publique et celui-ci. Elle est alors servante chez un garde chasse, près de Dieppe, puis dans les faubourgs de Rouen chez un receveur municipal, un commissaire de Police, un sous inspecteur des Douanes... Placée ensuite chez un épicier, l'administration s’aperçoit que l'épicerie fait également office de débit de boissons... Sitôt on envoie Julienne chez un autre patron : pas question de compromettre sa moralité ! 




Julienne se plaint de sa nouvelle patronne : elle a un mauvais comportement et ne cesse de lui rappeler ses origines de "fille de l'Assistance". Heureusement Julienne se mariera bientôt : elle quittera donc l'Assistance Publique et cette patronne peu aimable... 





Si vous souhaitez me confier la recherche d'un dossier d'Enfants Assistés : consulter la page Prestations et Tarifs.